Depuis la nuit des temps,depuis les premières aubes de l'enfance,

ils nous accompagnent: la fée apparue aux heures de détresse qui exauce,

mais jusque minuit seulement (l'avaricieuse bienfaitrice)

 le plus chèr souhait de cendrillon,

le farfadet dansant sur la lande,

le lutin malicieux capable de jouer des tours pendables

comme de porter secours aux désolés

la sorcière penchée sur son chaudron,

le gnome tapi dans les plus vieux arbres de la forêt,

la dame blanche dont on guette,

le coeur battant,la silhouetteimmatérielle

au sommet d'une tour ruinée,

l'ange qui nous mène,dit-on, par la main.

Sans eux le monde nous apparaîtrait dans une lumière impitoyable

 tout en contours nets et en arêtes vives,un monde sans légendes,

peut être libéré des terreurs d'antan,mais privé de ses espoirs un peu fous

 qu'entretient notre complicité avec le surnaturel.

 

Car nous somme complices,

nous adressons sans cesse des clins d'oeil à l'invisible.

Nous le disent  les noix cassées (et c'est un voeu qui se murmure),

les marguerites effeuillées,les pièces qui brillent dans les fontaines

: bien qu'affectant de les dédaigner nous aimons nos

compagnons secrets.

C'est en nous encore un peu d'enfance qui s'insurge,

qui refuse le quotidien aseptisé

se rit des lois du temps et de l'espace,espère la justice et s'émerveille.

De ce monde qui nous enchante et nous fait trembler,

de ces peuples invisibles et muets,car nous avons désappris leur langue,

la poésie est la voix présente.

Ecoutons la

Ecoutons le chant des sirènes

 

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